Catherine de Sienne, femme actuelle (2/3)
Pourquoi Catherine de Sienne était-elle une femme qui vivait avec son temps et que nous enseigne-t-elle ?
Par Fr. Eric de Clermont-Tonnerre, o.p., pour L’Inquisition pour les nuls.
L’Eglise et la société à l’époque de Catherine de Sienne
L’Eglise du XIVe siècle se trouve dans un processus assez fort de centralisation. Celle-ci a commencé au XIIIe siècle. Les ordres mendiants (saint Dominique et les Frères Prêcheurs en particulier) y ont fortement contribué, tout en en profitant pour leur propre développement. Dominique a travaillé en plein cœur de l’Eglise, a fréquenté la tête de l’Eglise. Au XIVe siècle, les papes d’Avignon ont favorisé l’organisation du pouvoir central dans l’Eglise, par la création des différentes instances composant la curie et permettant d’enraciner sur des bases juridiques fortes le pouvoir papal.
Dans le même temps, l’Italie tombe en poussière. Elle se restructurera par la suite. Mais on se trouve, au XIVe siècle, plutôt dans une période de déstructuration de l’Italie, et ceci pour trois raisons : l’effacement du pouvoir impérial ; la baisse d’influence du Royaume de Naples ; l’exil du pape à Avignon.
La société civile italienne est fortement marquée par la violence : rivalités politiques au sein des cités italiennes ; rivalités entre les cités italiennes ; développement d’un certain anticléricalisme ; guerres…
L’action de Catherine de Sienne
D’une part, son action a eu finalement un rayonnement assez limité au départ. On parle très peu d’elle dans les chroniques de l’époque. Son rayonnement véritable fut l’œuvre de ses disciples, c’est-à-dire de ceux qui se sont mis à sa suite. Son action publique s’est déroulée pendant un très petit nombre d’années, les cinq dernières années de sa vie. Durant ces cinq dernières années, son activité s’est intensifiée considérablement : une vie mystique très intense, une production littéraire très abondante (Le Dialogue, les Lettres, les Oraisons) et une action politique et sociale très développée.
Les faits
1375 : Catherine va à Pise et à Lucques pour inciter les responsables politiques de ces deux villes à ne pas adhérer à la ligue anti-papale.
1376 : Elle part pour Florence (rebellée contre le pape ) et pour Avignon (contrairement à ce qui est affirmé dans la série Inquisitio, Catherine n’y rencontre pas Clément VII, qui n’est pas encore élu).
1377 : Elle voyage dans le val d’Orcia sur les terres d’une grande famille de Sienne, les Salimbeni, pour réconcilier deux branches de cette famille.
1378 : Catherine est envoyée en ambassade à Florence par le pape (janvier) ; après la mort, en mars, de Grégoire XI, c’est l’élection d’Urbain VI en avril et l’élection de l’anti-pape Clément VII en septembre ; en novembre, Catherine s’installe à Rome.
1379 : Catherine a une intense activité épistolaire pour inciter les hommes d’Eglise et les responsables politiques à suivre Urbain VI.
1380 : Mort de Catherine de Sienne.