Idée reçue : « Au Moyen Age, l’Eglise est obscurantiste »
Une autre idée reçue (qui sert au passage celles sur l’Inquisition) : « Au Moyen Age, l’Eglise est obscurantiste »
Faux ! La foi et les vocations religieuses sont à leur optimum à l’âge féodal. La religion imprègne tous les aspects de la vie quotidienne. Même les laïcs pratiquent beaucoup : messes et prières quotidiennes, pénitences, pèlerinages. C’est le plein boum des ordres monacaux (40 000 fondations entre le IXe et le XIIe siècle), des édifications d’églises et de cathédrales. C’est l’âge d’or de Cluny.
Mais, le rôle de l’Eglise ne se limite pas à l’évangélisation des foules et à la distribution des sacrements. Les monastères sont autant des foyers de prière que des centres d’étude. La preuve en est (entres autres) l’abondance et la qualité des manuscrits de la bibliothèque du Mont-Saint-Michel. C’est l’Eglise qui détient le savoir. Mais, elle ne le confisque pas ou ne le réserve pas à des élites privilégiées (comme fera la monarchie de l’Ancien Régime), elle le répand. Les écoles monastiques enseignent aux filles comme aux garçons de toutes les couches sociales. Les monastères et les couvents hébergent les meilleurs spécialistes de toutes les disciplines.
L’Eglise est aussi pleinement engagée dans la société de son temps. Le premier à faire explicitement référence aux ‘’droits de l’homme’’ est Alcuin, moine et ministre de l’instruction publique de Charlemagne. L’Eglise n’aura de cesse de défendre la condition humaine à la fois en combattant l’esclavage (cf. § Les paysans sont tous esclaves), la répudiation, la polygamie et la pauvreté. En effet, quand on constate la profusion des établissements nommés ‘’hôtel-Dieu’’ ou ‘’maison-Dieu’’, qui étaient non pas des églises mais des hôpitaux et des lieux d’asile pour les pauvres, on comprend bien que le principal souci de l’homme du Moyen Age est l’expression de la charité chrétienne ! L’Eglise ne se contente pas de se charger à elle seule de l’aide aux pauvres, elle sermonne aussi les riches contre le prêt avec intérêts qui, selon elle, représente un vol qui contredit l’Evangile. Elle engage les riches à prêter aux pauvres par charité et non pour s’enrichir.