Idée reçue : « Au Moyen Age, les gens ne se lavent pas et la médecine est inexistante »

Idée reçue : « Au Moyen Age, les gens ne se lavent pas et la médecine est inexistante »

Encore une idée reçue dont on peut constater les dégâts dans Inquisitio…

Faux ! Du Moyen Age datent les premiers systèmes d’évacuation des eaux usées et les premiers services de ramassage d’ordures. On voit également apparaître les premières rigoles centrales recouvertes dans les rues.

L’hygiène existe : l’eau est utilisée par plaisir. Des objets servant à la toilette sont retrouvés dans des fouilles et des inventaires. On utilise du savon ou de la saponaire. On se blanchit les dents avec du corail ou de l’os de seiche en poudre. Les herbes servent à fabriquer des savons. On a retrouvé des enluminures reproduisant des personnes se lavant. Les traités de médecine de Barthélémy l’Anglais, de Vincent de Beauvais ou d’Aldébrandin de Sienne (moines du 13e s) mettent en avant la propreté, notamment infantile. L’eau est un élément thérapeutique important tant pour prévenir que pour guérir les maladies. Les stations thermales se développent. On va aux bains publics. Certainement hérités de l’Antiquité, ils ont probablement été remis à la mode par les Croisés de retour d’Orient où la tradition avait été conservée. On trouve des étuves dans tous les quartiers des grandes villes : Bruxelles, Bruges, Dijon, Paris (27 en 1292), Digne, Chartres, Rouen, Strasbourg. Des crieurs annoncent leur ouverture au petit matin. Certains de ces établissements appartiennent même au clergé. On les perfectionne avec des bains de vapeur (sèche ou humide) : les ancêtres du sauna et du hammam. Il existe une corporation des étuviers, avec des prix fixés, l’obligation de tenir l’eau propre, l’interdiction d’accès aux malades et aux prostituées. C’est au 14e s que décision sera prise de séparer hommes et femmes pour éviter la prostitution et au 15e s qu’un changement de mentalité intervient. Les médecins considèrent désormais l’eau comme vecteur de maladies et la grande peste de 1348 semble leur donner raison. Les étuves déclinent et disparaissent.

Au château, on fait chauffer de l’eau, on fait sa toilette dans des bassines et on prend son bain dans des grandes cuves en bois. On fait ses besoins dans les latrines (dans l’épaisseur des murs) ou sur une chaise percée.

La médecine existe aussi. Elle est enseignée dans les monastères où les moines ont pour mission de soigner les malades. En ville, les chanoines-médecins sont à la fois professeurs dans des écoles-cathédrales et médecins à l’hôtel-Dieu. Les soignants diplômés sont généralement des religieux. Les hôpitaux, hospices et hôtel-Dieu sont bâtis aux frais de l’Eglise et des fidèles. Ils sont tenus avec soin et gratuits. Les médecins savent à cette époque soigner les hernies, replacer les os déboités ou réduire des fractures. Les apothicaires existent déjà. On désinfecte les plaies au vin et on cautérise au fer rouge. On fait des trépanations. On anesthésie en faisant respirer au patient des essences de plantes qui engourdissent.

On voit donc qu’en matière de médecine, le 13ème siècle possède déjà quasiment toutes les connaissances qui seront celles du …18ème ! Si la médecine a stagné, c’est bien sous l’Ancien Régime et non au Moyen Age ! Quant à l’hygiène, elle a carrément régressé dès la Renaissance avec la peur de l’eau.

One thought on “Idée reçue : « Au Moyen Age, les gens ne se lavent pas et la médecine est inexistante »

  1. Vous dites  » les premiers systèmes d’évacuation des eaux usées et les premiers services de ramassage d’ordures  » ? Parlons plutôt de survivance indigne d’une époque où la cité devait fournir de l’eau propre, des bains, des toilettes publiques (à quand un article la république romaine païenne pour les nuls ?) et où bien des villes possédaient des égouts qui n’ont rien à envier aux égouts du 19ème, voir du 20 èmeS.

    Quand à la médecine, elle à certes  » stagner  » entre  » le 13ème […] et le 18ème S  » mais quelle malhonnêteté intellectuelle de votre par de ne pas souligner sa régression incontestable entre l’antiquité romaine et le moyen âge, à moins que ce ne soit le lien avec le fait qu’elle était  » enseignée dans les monastères où les moines ont pour mission de soigner les malades  » ?

    Franchement, tenter de nous faire voir le moyen âge en Europe occidentale autrement que comme une régression constante dans quasiment tous les domaines est ridicule, je comprend que le fait qu’on lie cette régression à votre religion et l’obscurantisme qu’elle a propagé pendant des siècles vous attriste, mais évitez s’il vous plaît de nous soutenir que la Terre est plate…

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