La vraie posture de Catherine de Sienne
Ou pourquoi, encore, à des années-lumières de la série Inquisitio, Catherine de Sienne est une femme actuelle.
Par Fr. Eric de Clermont-Tonnerre, o.p., pour L’Inquisition pour les nuls.
Ce qui frappe, en fin de compte, lorsqu’on considère l’activité politique et sociale de Catherine de Sienne c’est qu’elle est présente sur tous les fronts importants. Tout l’intéresse de la vie des hommes et des femmes de son temps. Son temps est marqué par la guerre : elle s’engage pour la paix, avec ses pieds, ses jambes, avec sa parole, ses écrits. Son temps est marqué par des luttes fratricides dans les familles, les cités : elle s’engage pour la réconciliation. Son temps est marqué par des injustices : elle est là pour rappeler leurs devoirs au pape, aux princes et aux responsables politiques quels qu’ils soient.
Son temps est marqué par le fléau de la peste : elle est sur le pont, au front, pour guérir et soigner. Son temps est marqué par des questions autour de la papauté et de sa politique : elle est là, auprès des papes et elle prend position. Son temps est marqué par la fragilité du clergé et de la vie religieuse : elle soutient plus d’un prêtre, d’un religieux, d’une religieuse, plus d’une communauté. Elle est en contact avec les nouveaux courants spirituels (les jésuates, les ermites, les fraticelles…) Elle est en phase avec les jeunes qui sont nombreux dans sa famiglia.
Elle est vraiment entrée en dialogue avec son temps : elle écoute et elle parle. Le dialogue caractérise bien ce petit bout de femme. Elle a pris la parole, inspirée par le Seigneur lui-même. Oui, c’est bien une inspiration divine, une intelligence à l’œuvre, une assurance, une audace et un courage de la parole qui la mobilisent et l’animent. Elle fut, en son temps, un prophète, une voix qui s’élève.