L’Inquistion : combien de condamnés à mort ?
Les chercheurs admettent aujourd’hui qu’il est impossible de parvenir à un calcul exact du nombre de condamnés à mort par l’Inquisition (Béatrice Leroy in L’Espagne des Torquemada). En 1817, Juan Antonio Llorente publie dans son ouvrage Histoire critique de l’Inquisition d’Espagne le chiffre de 39 671 remises au bras séculier espagnol. Ce chiffre est tenu aujourd’hui pour totalement dénué de validité scientifique et peu probable tant il est élevé. En effet, la recherche historique ne cesse de revoir le nombre de condamnés à mort par l’Inquisition à la baisse.
A Albi, sur 8000 habitants et une population cathare estimée à 250 croyants, sur la période 1286-1329, 58 personnes seulement subissent des peines afflictives, ce qui ne veut pas dire la mort.
De 1308 à 1323, l’inquisiteur Bernard Gui prononce 930 sentences : 139 sont des acquittements, 286 imposent des pénitences religieuses, 307 condamnent à la prison, 156 se partagent entre des peines diverses (pilori, exil, mur large…). Les condamnations à mort sont au nombre de 42, soit 3 par an sur 15 ans à une période où l’Inquisition est très active.
L’historien danois Gustav Henningsen qui étudia 50 000 procédures inquisitoriales datées de 1560 à 1700 estimait qu’1% seulement des accusés avaient dû être exécutés.
La Revue des études juives étudia l’activité du tribunal de Badajoz entre 1493 et 1599. Elle y a recensé une vingtaine de condamnés à mort sur une période de 106 ans.
7 réflexions sur « L’Inquistion : combien de condamnés à mort ? »
Bonjour,
Je salue votre effort de regrouper ici un certain nombre de données aussi objectives que possible sur l’Inquisition. Cependant, je me permettrais de faire un commentaire: l’Inquisition n’est pas seulement à remettre en question en fonction du nombre de condamnés à mort. La torture, qui comme vous le dites vous-mêmes, faisait souvent partie du processus d’interrogation, est à mon sens tout aussi impardonnable (et fait elle aussi « couler le sang »), même si elle doit être placée dans le contexte de la justice du Moyen-Age, dont les méthodes et les châtiments sont en effet extrêmement brutaux.
Bonjour Sarah !
Merci de ton commentaire, votre remarque est juste, et nous ne cherchons pas à justifier les méthodes pratiqués il y a 700 ans, mais à rétablir la réalité sur cette période : même une condamnation à mort est sans doute une condamnation de trop ! Mais entre la réalité et les clichés véhiculés faisant de l’Eglise et des habitants du Moyen-Âge des bouffeurs de rats, sales et ignares, il y a sans doute une différence. La brutalité est présente, et nous ne la justifions pas. Nous voulons présenter la réalité et éviter les clichés déformants ! La Révolution avec la guillotine était assez terrible, il n’empêche qu’elle a apporté la démocratie ! Il faut savoir faire la part des choses et voir l’histoire en face, sans clichés et sans préjugés.
Quelques précisions:
-Llorente est celui-là même qui brûla les archives de l’Inquisition dont il avait la garde. S’il avait été de bonne foi, il les aurait au contraire conservées.
– La question (torture) n’était appliquée que dans moins de 5% des cas, à une époque où elle était de monnaie courante (Encore une fois, il faut les replacer dans le contexte, et non pas les juger à l’aune de notre époque).
– Bien que je n’aie pas la référence sous la main, un historien du droit peu suspect de complaisance pour l’Eglise, a déclaré que le manuel de l’Inquisition était « un monument de science pénale ».
peut etre qu’il y moins de morts que l’on croyait….mais cette église devait semer l’amour dans les coeurs et elle a semé la terreur…on juge un arbre à ses fruits…dit on…juste le fait de donner droit à la torture de la part de ceux se disant les enfants du christ….he bin ! christ a du pleurer de honte plus d’une fois pour ces blasphemes réalisés en son nom…
EN effet, c’est ce qu’à dit Jean-Paul II : « Seigneur, Dieu de tous les hommes, à certaines périodes de l’histoire, les chrétiens se sont parfois livrés à des méthodes d’intolérance et n’ont pas observé le grand commandement de l’amour, souillant ainsi le visage de l’Eglise, ton Epouse. Montre ta miséricorde à tes enfants pécheurs et accueille notre ferme propos de chercher et de promouvoir la vérité dans la douceur de la charité, sachant bien que la vérité ne s’impose qu’en vertu de la vérité elle-même. Par Jésus, le Christ Notre Seigneur »
Pour plus d’informations : La réaction de l’Église face au catharisme
@hervé
Oui, l’Eglise doit semer l’amour et certains de ses membres ont semé la terreur. Cependant, on fantasme un peu trop de nos jours sur l’Inquisition, il faut savoir remettre dans son contexte et ne pas jeter l’oprobre sur toute l’institution de l’Eglise au nom de quelques excès. L’Eglise a fait énormément de bien à ces époques (pensez aux hôpitaux, aux écoles, aux universités, à l’accueil des miséreux et des pélerins etc…)
De même, notre Démocratie est bonne, pourtant, c’est le parlement de la IIIè République qui a voté les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. On peut citer aussi beaucoup de parlementaires condamnés pour des délits voire des crimes depuis l’institution de la 1ère République, alors qu’ils devraient être garants de la Démocratie et de la Liberté. Doit-on haïr la République parce qu’elle a parmi ses serviteurs des criminels (à commencer par Robespierre qui, à lui seul, a fait plus de victime en 3 ans que l’ensemble de l’Inquisition en 7 siècles)?
De même, est-il juste de haïr l’Eglise parce qu’elle a eu parmi ses serviteurs des criminels (l’Eglise est elle aussi composée d’êtres humains, et pas que des saints, hélas, à commencer par moi-même…).
Essayons chacun de répendre l’amour à notre porte, plutôt que de condamner « les autres » parce qu’ils ne le font pas… Le monde ira mieux
Les morts dus à l’inquisition sont systématiquement mis en avant par les républicains pour justifier leur anti-cléricalisme, mais alors, face à la « performance » de la révolution de 1789 ils devraient encore plus être anti-républicains.
Score : inquisition : approximativement 30.000 morts en 300 ans
révolution de 1789 : approximativement 100 000 morts entre le 5 septembre 1793 et le 26 juillet 1794.