Pratique quotidienne : le manuel de l’inquisiteur

Pratique quotidienne : le manuel de l’inquisiteur

Dans la pratique quotidienne des inquisiteurs, les manuels ont une place importante.  

De tous ces documents, le plus connu est le petit manuel rédigé par l’inquisiteur du tribunal de Toulouse Bernard Gui, le héros du roman puis du film Le nom de la rose. (Dissipons immédiatement tous malentendus, Bernard Gui n’est pas le moine sadique présenté dans le film, tous louent au contraire sa modération et son Manuel de l’inquisiteur ne cesse d’y exhorter ses lecteurs. Il n’est pas mort non plus en tombant de son carrosse sur une roue mais chez lui, dans son évêché de Lodève, le 31 décembre 1331.)

Bernard Gui est un théologien et un érudit si important de son temps qu’il a rédigé l’hagiographie et la bibliographie de saint Thomas d’Aquin lors de sa canonisation.

Que nous apprends alors son manuel d’inquisiteur ? Il nous en apprend beaucoup sur l’Inquisition mais surtout sur la mentalité des inquisiteurs eux-mêmes.

Le manuel commence par une description des principales hérésies rencontrées : nouveaux manichéens (les cathares), vaudois, béguines, pseudo apôtres. Il s’efforce de présenter leur rite, leur dogme, leur façon de penser et de vivre sur un ton si neutre qu’une lecture distraite pourrait faire croire qu’il y adhère.

Puis il nous montre en quoi ces dogmes sont erronés, là où se trouve l’erreur, enfin il propose une série de questions à poser à chaque hérétique ou personne soupçonnée d’hérésie, des questions très simples comme « avez-vous rencontrés des vaudois auparavant ? » « Avez-vous participé à une cérémonie de consolamentum ? », le but étant de faire éclater la vérité. Surtout il comprend que chaque groupe agit et raisonne différemment et qu’il n’est donc pas possible d’adopter la même méthode pour tous. En véritable médecin des âmes il propose des solutions adaptées à chaque cas :

De même qu’un remède unique ne convient pas à toutes les maladies et que la médication diffère selon les cas particuliers, ainsi l’on ne peut employer pour tous les hérétiques des diverses sectes le même mode d’interrogation, d’enquête et d’examen ; mais on doit utiliser une méthode particulière et propre à chacun, comme s’il s’agissait de plusieurs.

Et Bernard Gui de poursuivre :

En conséquence l’inquisiteur, en prudent médecin des âmes [. . .] procédera avec précaution au cours de l’enquête et de l’interrogatoire.

 

Par Jean-Baptiste Noé (www.jbnoe.fr)

2 réflexions sur « Pratique quotidienne : le manuel de l’inquisiteur »

  1. Sérieusement, le manuel de l’insquisiteur ne serait-il pas l’oeuvre de Henri Institoris et Jacques Sprenger, le maleus maleficarum, véritable guide de torture médiévale, illisible pour un esprit sain (sans mauvais jeu de mot)?
    La vérité a probablement été entre les deux…

  2. La première citation de Bernard Gui reprend les termes employés par Grégoire de Nysse dans l’introduction de son Discours catéchétique : il y a différentes sortes d’hérésies; il faut les combattre à l’aide de différents remèdes, comme diverses maladies.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *