Quelle réaction de l’Eglise au catharisme ?

Quelle réaction de l’Eglise au catharisme ?

La réaction de l’Eglise

Comme à chaque hérésie, l’Eglise convoque d’abord un concile pour examiner la pertinence de l’hérésie. En fait, entre 1119 et 1215, ce ne sont pas moins de 7 conciles qui analysent et condamnent les thèses cathares !

1 – La mission

Comme on le voit, le combat est d’abord théologique et missionnaire. ‘’La foi doit être persuadée, non imposée’’ affirme Bernard de Clairvaux. ‘’Mieux vaut absoudre les coupables que s’attaquer par une excessive sévérité à la vie d’innocents’’ renchérit le Pape Alexandre 3, ou encore ‘’L’indulgence sied mieux aux gens d’Eglise que la dureté’’. Un gros effort de rééducation chrétienne est fait dans le midi toulousain, d’abord confié aux évêques locaux et au clergé. Mais cette démarche n’obtient que peu de résultats. En effet, certains évêques possèdent des liens familiaux avec des seigneurs acquis au catharisme. Ils se montrent donc peu empressés d’évangéliser. Quant au bas clergé, il ferme souvent les yeux pour avoir la paix…La papauté fait alors appel à des personnalités venues du nord de la France. Saint Bernard de Clairvaux effectue une tournée de prédication dans le midi. Sans résultat, là encore.

La papauté ne se décourage pas et continue à envoyer des missionnaires. En 1200, c’est Pierre et Raoul de Castelnau, deux frères cisterciens, qui vont de village en village, haranguant les fidèles. En 1204, Arnaud Amaury, abbé de Cîteaux, leur prête main forte et prêche beaucoup autour d’Albi. En 1205, Diego, évêque d’Osma et son sous-prieur de chapitre, Dominique de Guzman, se consacrent à leur tour à la lutte contre l’hérésie. Ils parcourent la campagne pieds nus, sans équipage et sans argent, multipliant les conférences contradictoires avec les représentants du catharisme. Ils obtiennent 150 retours à l’Eglise à Montréal, près de Carcassonne, en 1206. La même année, à Fanjeaux, Dominique fonde un couvent avec des hérétiques converties. Dix ans plus tard, l’ordre des Dominicains nait à Toulouse.

Enfin, en 1213, Innocent 3 pose les bases d’un tribunal ecclésiastique pour juger les hérétiques. C’est Grégoire IX qui par sa bulle Excommunicamus fondera l’Inquisition en 1231. Celle-ci est généralement bien accueillie par la population qui a à cœur de voir le catharisme disparaître (cf notre rubrique sur l’Inquisition).

2 – L’intrusion du temporel

Mais, la lutte contre le catharisme va prendre un tour militaire. En effet, les troubles à l’ordre social sont tels que dès 1177, le comte Raymond V de Toulouse ordonne aux cathares de renoncer à leurs pratiques. Mais, son successeur, Raymond 6, se montre beaucoup plus conciliant avec eux. Il espère en effet récupérer les biens de l’Eglise. Excommunié et absous deux fois, il continue à tolérer le prosélytisme des parfaits. En 1207, Innocent 3 pousse alors le roi Philippe Auguste à intervenir. Mais, celui-ci se montre bien peu empressé : il redoute l’ingérence du Pape dans son royaume. De plus, il est occupé ailleurs, il combat contre les Anglais. En 1208, c’est l’incident majeur. Pierre de Castelnau est assassiné et on soupçonne Raymond 6 d’avoir commandité le crime. Innocent 3 décide alors de prêcher la croisade contre les hérétiques.

La croisade commence en 1209, sans le concours du roi de France qui s’en tient à sa position initiale. C’est Simon de Montfort, un seigneur d’Île-de-France, qui prend la tête des opérations. Nombre de chevaliers languedociens l’accompagnent. Raymond 6 subit d’abord plusieurs défaites à Béziers, Carcassonne et au Muret (1213). En 1218, au siège de Toulouse, Simon de Montfort est tué. Son fils Amaury prend la relève. En 1224, il est battu par le nouveau comte de Toulouse Raymond 7. En 1226, le roi a changé. C’est désormais Louis 8 qui, plus soucieux que son père de l’issue du conflit, lance une expédition. Mais la mort prématurée du monarque l’interrompt un temps. Elle est reprise en 1227 et aboutit à la signature du traité de Meaux en 1229 par lequel Raymond 7 cède le Bas Languedoc à la couronne. Il conservera tout de même le Toulousain, l’Agenais et le Rouergue. Le comté de Toulouse reviendra cependant à la France à la mort de Raymond 7. La croisade est terminée, mais pas le problème cathare.

Dix ans plus tard, le vicomte Raymond Trencavel, vassal de Raymond VII, se rebelle mais est vaincu par les troupes royales en 1240. Saint Louis lui fait promettre de détruire Montségur, qui depuis 10 ans forme le dernier bastion spirituel et militaire du catharisme. Raymond VII s’exécute mollement et, sans surprise, échoue. En 1242, deux inquisiteurs sont assassinés à Avignonet, près de Toulouse, à l’instigation de Raymond 7 à nouveau dressé contre le roi. Alors, en 1244, c’est l’armée royale qui prend possession de Montségur. Refusant d’abjurer, 225 parfaits (chiffre incertain) montent sur un bûcher géant et leur repaire est détruit. Les ruines qui se dressent sur l’actuel site de Montségur sont en réalité celles d’une forteresse royale construite après le rattachement du Languedoc à la France. Il en est de même pour les autres châteaux dits cathares de la région.

2 réflexions sur « Quelle réaction de l’Eglise au catharisme ? »

  1. On ne dit pas « au Muret » mais à Muret: c’est en effet une commune située à
    20 km de toulouse !Collégien ,je passai tous les jours en bus devant la stèle commémorative de cette bataille perdue par les armées d’Oc et aragonnaises pourtant bien supérieures en nombre.
    ( de la même qu’on ne va pas « au docteur » mais chez le docteur ; bien qu’on amène la vache au taureau )

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